Selma LAGERLÖF
prix Nobel 1909
“pour le noble idéalisme, la richesse d’imagination, la générosité et la beauté de la forme qui caractérise son œuvre.”
Selma Lagerlöf grandit dans une province reculée de Suède, le Värmland, peuplée d’êtres surnaturels et légendaires. Dans le manoir de Marbacka vivaient des femmes, Selma, les domestiques et les gouvernantes, et des hommes, parmi lesquels bien sûr le père de Selma, un homme irascible, incapable de gérer ses propres affaires. Les femmes soucieuses de conserver la tranquillité de la maison faisaient tout leur possible pour apaiser le père et ses aigreurs. Ce furent elles également qui fournirent à Selma l’instruction de base dont elle eut besoin plus tard quand elle rejoignit l’Institut pédagogique royal de Stockholm de 1882 à 1885. Selma se retrouva ainsi l’héritière d’une double culture : la culture académique enseignée à l’Institut, et une culture orale transmise par les femmes de son entourage pendant les longues soirées d’hiver. Celles-ci lui avaient appris l’art de conter ; les formules d’introduction captaient l’attention de Selma et agissaient instantanément sur son esprit… elle voyait se dérouler des forêts et des prairies que parcouraient des êtres magiques de toutes sortes, peut-être des trolls ou la Dame des bois…
Selma utilise pour la première fois ses talents de conteuse en 1885, devant les petites écolières de Landskrone, en Scanie. Elle tiendra le rôle d’institutrice pendant dix ans…À partir de 1895, Selma abandonne l’enseignement et écrit de plus en plus ; La saga de Gösta Berling est bientôt publiée, et rencontre très vite un large succès. De 1895 à 1901, soit pendant six ans, Selma entreprend de longs voyages en Orient avec sa mère ; on retient de cette époque, les deux volumes sur Jérusalem en Dalecarlie, et Jérusalem en Galilée, et ses Légendes du Christ.
Ces voyages symbolisent aussi un temps de recherche et d’expérimentation littéraire ; Selma Lagerlöf est à la poursuite d’un style plus épuré, défait de ses accents trop pathétiques et romantiques. Selma est un artiste habile qui maîtrise l’art de raconter. Au fur et à mesure de ses œuvres, sa technique s’affine - sa prose limpide et la structure brève de ses récits profite au mélange épique et folklorique-, et des thèmes s’affirment : tel celui de l’amour rédempteur, de la femme prête à sacrifier son bien-être pour ramener l’homme, mû par une force aveugle, au sein du foyer…L’homme est ainsi sauvé de son état de dépravation par la tendresse d’une ou plusieurs femmes…Bref, tout se passe comme dans l’enfance de Selma : c’est la femme qui maintient l’ordre et la paix et sauve l’homme de la mort- Le cocher ou le charretier de la mort-. Il ne faudrait cependant pas croire que le regard qu’elle porte sur les hommes serait dénué de tendresse ; au contraire il suffit de lire ses récits et de démêler ce qui se passe dans le cœur des héroïnes pour s’apercevoir que Selma communie de tout cœur avec celles-ci. En 1906, elle écrit le Merveilleux voyage de Nils Holgersson, en 1909, elle reçoit le Prix Nobel, en 1912, elle rédige Le cocher… Une fois la maturité atteinte, Selma, qui a rencontré déjà à plusieurs reprises le succès, prend la décision de racheter le domaine de ses parents de Marbacka et retourne s’y installer. En 1914, survient la guerre, dont elle ne se remettra pas. En effet, l’image des tranchées anéantit en elle tout espoir de paix et d’amour. Elle découvre alors la réalité d’un monde impitoyable qu’elle décrie dans L’exilé, 1918 ; le récit est un plaidoyer pour la paix…
Les années passent, Selma vieillit et se consacre de plus en plus à la poésie et eu théâtre. Vers la fin de sa vie, elle se remet tout de même au roman : elle en écrit deux, Charlotte Lowensköld et Anna Siârd, qui achève la trilogie des Lowensköld. La seconde guerre mondiale emporte Selma en 1940.