Saul BELLOW
prix Nobel 1976
“pour sa compréhension de l’être humain et la subtile analyse de la culture contemporaine dont il fait part ensemble dans son oeuvre.”
L’histoire de Solomon Bellows, alias Saul Bellow ressemble à celle de nombreux jeunes juifs-américains du début du siècle. Ses parents avaient fui la Russie tsariste en 1913 pour ne plus être soumis aux mesures de restriction qui pesaient sur les juifs. La famille Bellows s’installa au Canada et y resta jusqu’à ce que le petit Saül ait atteint l’âge de neuf ans; l’enfant grandit dans un milieu polyglotte et « pluriculturel » constitué d’immigrés Russes, Ukrainiens, Grecs, Polonais et Italiens. En 1924, la famille quitte Montréal et s’établit à Chicago.
La vie de Saül avait déjà pris l’allure d’un roman d’aventures…à son actif : un déménagement, l’ éducation auprès d’un père, qui, d’ancien négociant dans le domaine de l’exportation était devenu bootlegger.
Beaucoup d’aventures pour quelqu’un qui se destine à une future carrière de talmudiste. Et oui c’était le rêve d’une mère tant aimée, répondant au doux nom de Liza. Nul ne s’étonnera alors que tous ces éléments, ajoutés au fait qu’il se trouvait l’héritier d’une double culture, l’aient conduit à s’orienter vers des études de sociologie et d’anthropologie. Il faut noter à ce propos que, bien que tenté dans un premier temps par l’étude de la littérature anglaise, il fût contraint de renoncer à ce projet à cause des politiques officieuses, ayant cours dans les universités, visant à limiter l’accès des étudiants juifs aux cursus académiques.
Avant de rejoindre l’université de Chicago en 1933, puis Northwestern un peu plus tard, il faut rappeler un événement douloureux qui marqua la fin de son adolescence : la perte de sa mère à l’âge de 17 ans. Cette disparition signifiait la brutale plongée dans le monde des adultes et la perte du lien familier qui le rattachait au yiddish et à l’hébreu.
En 1937, une fois licencié en sociologie et en anthropologie, il décide de poursuivre ses études à l’université du Wisconsin. Pendant les vacances de Noël, il tombe amoureux et épouse la première de ses femmes-il en aura quatre.
Une fois marié, il interrompt ses études et se met à enseigner. C’est une période bohême : il vit à New-York, survient à ses besoins grâce à l’enseignement et à d’autres travaux –au sujet desquels nous ne disposons que de peu d’informations-, enfin participe à plusieurs projets littéraires.
En 1942, il est amené à travailler avec le service éditorial de l’Encyclopédie Britannique. Quelques mois plus tard, survient l’engagement des Etats-Unis dans la Seconde guerre mondiale. Il rend ses services à la patrie en opérant pour la Marine Marchande. Une fois la guerre finie, il revient enseigner. C’est à cette époque qu’il se jette dans l’écriture.
Achèvement de Dangling Man, the Victim. Il continue d’enseigner jusqu’en 1948, date à laquelle il part en Europe, notamment à Paris et commence à rédiger les aventures de Augie March. La vie continue, le rythme s’accélère : retour aux Etats-Unis avec la publication de deux nouvelles, articles, relectures de manuscrits, conférences du soir …
Son apport dans le domaine de la fiction commence à être reconnu en 1952 : il reçoit une récompense de la part de l’institut des arts et des lettres, et est honoré par l’Université de Princeton. Et puis c’est la parution du Faiseur de pluie en 1959, Herzog en 1964, et la revue The Savage Noble, dont il est le coéditeur ; tapis rouges, récompenses, honneurs, mais aussi échecs- pour l’une de ses pièces, intitulée, « la dernière analyse », divorces douloureux, déplacements intempestif…
Il faut évoquer également le nouveau face-à-face avec la réalité de la guerre ; en 1967 c’est la guerre des six jours. L’évènement bouleverse le monde des intellectuels juifs américains. Pour Bellow, c’est le temps des interrogations et du doute. La question de la Shoah ressurgit, tandis que son attachement à Israël l’oblige à repenser ses positions politiques. Certains groupes issus de la New Left défendent des points de vue ambigus à l’égard d’Israël. Passent les années…
En 1976, c’est la consécration : M. Bellow reçoit le prix Nobel… C’est la reconnaissance internationale.
Sacré monstre littéraire, Saül ne s’arrête pour autant pas là. Il écrit jusqu’à sa mort, survenue en 2005, soit il y a à peine trois ans. Il eut quatre enfants, et sa vie autant que son œuvre, toutes deux riches en rebondissements, ont fait couler des kilomètres d’encre.
Bellow demeure à l’instar des personnages et des narrateurs de ses romans une personne insaisissable. Bellow sonde l’existence et rend la diversité du vivant . Il suffit de lire son dernier roman Ravelstein pour s’en rendre compte.